Le nectar, un “red bull” puissant pour les pollinisateurs… et les autres.

Le nectar, matière première du miel après sa régurgitation de l’estomac des abeilles, est aussi un aliment énergisant, un quasi “red bull” pour de nombreux animaux, pollinisateurs bienvenus, ou profiteurs indésirables. Comment la plante fait elle le tri ?

Cette chauve-souris se gorge de nectar… est-ce utile à la plante, ou plutôt néfaste ?

Le nectar est un suc végétal sécrété par de nectaires au creux des calices floraux : les animaux qui en sont friands sont obligés de se frotter aux étamines et de participer à des pollinisations directes ou croisées.

Les plantes ayant du mal à se reproduire le doivent souvent à une mauvaise qualité du pollen et de nectar (exemple : l’avocatier), ou à une localisation de ces éléments difficile à atteindre (exemple, la vanille).

Le nectar contenant du sucre sécrété par les nectaires (à partir de la sève élaborée),  et consommé par les pollinisateurs partage un certain nombre de similitudes avec les boissons de fitness, y compris des ingrédients tels que les acides aminés et les vitamines, et certains excitants comme la nicotine. Excitants, oui, mais également répulsifs, voire toxiques!

 On peut se poser cette question : pourquoi les plantes risqueraient-elles d’empoisonner les insectes et les oiseaux qui fournissent des services de pollinisation?

Des chercheurs ont examiné le nectar d’une espèce de tabac sauvage, Nicotiana attenuata, et ont découvert qu’il était aromatisé avec 35 composés secondaires. Les chercheurs ont ensuite testé 16 d’entre eux dans des essais biologiques de type cafétéria avec trois groupes de visiteurs indigènes – les faucons, les colibris (tous deux pollinisateurs) et les fourmis («voleurs de nectar»). Certains composés étaient attrayants et d’autres non. Certains mélanges de nectar semblent augmenter les chances d’une fleur d’être visitée par des pollinisateurs utiles tout en décourageant les voleurs de nectar.

Où l’on retrouve la nicotine ….

La nicotine, le répulsif le plus régulièrement trouvé, affecte de la même manière les pollinisateurs et les voleurs de nectar. Les visiteurs ont retiré moins de nectar par visite lorsque la nicotine était présente.

 Pour déterminer si la nicotine était répulsive dans le monde réel, les chercheurs ont transformé génétiquement des plantes de N. attenuata pour créer des plantes sans nicotine, qui ont été plantées dans une population naturelle et les taux d’élimination du nectar ont été mesurés.

Avec les abeilles, on sait au moins où va le nectar !

 Les visiteurs floraux autochtones ont retiré beaucoup plus de nectar des plantes sans nicotine que des plantes normales contenant de la nicotine.

Revenons à notre question : pourquoi une plante produirait-elle du nectar qui repousse les pollinisateurs?

Les données des tests biologiques ont fourni une hypothèse: lorsque le nectar contient de la nicotine, la quantité de nectar consommée par visite diminue mais le nombre de visites augmente. Et le taux de pollinisation avec…

L’augmentation du nombre de visiteurs pourrait accroître la diversité génétique de la progéniture produite. Les chercheurs prévoient de tester cette hypothèse au cours de la prochaine saison sur le terrain.