On sait les ravages du braconnage et de la surpêche. De la sécheresse, des pollutions et des éoliennes … Mais un autre danger moins connu décime des espèces fragiles : l’électrocution due aux lignes et aux clôtures électriques.
C’est un véto sud africain qui en a fait un constat d’épouvante : les clôtures électriques agricoles sont en train de décimer des milliers d’animaux sauvages (oiseaux, reptiles).
Ces clôtures ont un rôle de protection pour le bétail mais aussi pour les fermiers en ces contrées socialement très violentes. Les fils sous tension sont disposés sur plusieurs niveaux, le plus bas étant à 15 cm du sol. Les « cibles » de bonne taille : lions, potamochères (les sangliers locaux), sont échaudés et ne s’y frottent pas. Mais au niveau du sol, c’est une hécatombe de tortues, de serpents, de pangolins, mais aussi d’oiseaux et de petits mammifères.
Le problème s’étend aux lignes électriques elles mêmes, souvent installées grossièrement, qui deviennent un piège pour les oiseaux, et les singes. Dans le monde entier, des rapaces comme flamands roses, outardes, vautours, buses à queue rousse ou aigles royaux sont en régression par électrocution. Et il est difficile de mesurer ce phénomène, car les charognards (hyènes, vautours) ont vite fait de nettoyer les pourtours des clôtures et des lignes électriques. De plus, des oiseaux blessés ou étourdis peuvent encore se déplacer pour décéder plus loin.
Ces « accidents » ont d’ailleurs une incidence économique énorme par le nombre de coupures de courant et d’installations à réparer. En 2016, au Kenya, plus de 4 millions de foyers sont restés dans le noir suite au passage d’un singe dans un transformateur … rassurez vous, le singe a survécu !
Les gros animaux ne sont pas à l’abri : en Inde, on a compté en 12 ans plus de 100 décès d’éléphants par électrocution sous des lignes électriques. Autres victimes, les girafes, les buffles et même les rhinocéros blancs. Chez les primates, c’est plus de 30 espèces dans le monde qui sont ainsi menacés d’extinction.
Les opérateurs d’électricité réagissent en améliorant la visibilité des lignes et en modifiant les supports isolants sur lesquels se posent ou nichent les oiseaux (les cigognes en particulier). Sous les clôtures électriques, on peut également aménager des galeries pour les petits animaux terrestres. Tortues et petits rongeurs en comprennent très vite l’intérêt…
En France, les clôtures sont à basse tension et les « chataîgnes » ne sont généralement pas létales, en particulier pour les sangliers qui ont appris à s’en jouer …