La communication chimique existe dès les organismes les plus élémentaires. Si les molécules – signal sont restées très simples, les récepteurs se sont complexifiés au cours de l’évolution, en particulier chez les mammifères prédateurs, comme les chats.
Les signaux chimiques sont des molécules de petite taille facilement entrainées dans les supports naturels que sont l’air et l’eau. Selon le type de récepteurs qui les perçoivent, elles entrent dans deux catégories :
Les signaux innés (ou sémio chimiques). Ces signaux sont immédiatement interprètés par l’organisme récepteur, sans nécessité d’apprentissage préalable. Ils sont le plus souvent inhérents à une espèce.
C’est dans cette catégorie qu’on place les phéromones.
Les odeurs sont des molécules dont l’interprétation suppose le recours à des émotions, des souvenirs, voire un apprentissage. Dans tous les cas, un rapport avec une expérience vécue, qui permet un dosage des réactions par action du cortex.
Les phéromones sont donc des signaux “naturels”de signalisation entre individus et qui auront des effets divers selon les espèces.
Les phéromones proprement dites, ont une action chez une seule espèce. Exemple, les phéromones sexuelles pour un type particulier d’insectes.
Les allomones ont une structure chimique proche (et sont souvent des mélanges moléculaires), mais ont une action interspécifique. On les a (un peu arbitrairement) classées selonl’effet bénéfique pour l’émetteur :
les allomones strictes impliquent un avantage exclusif pour l’émetteur. C’est le cas de nombreux végétaux qui attirent les individus d’une espèce animale (insectes pour pollinisation, diverses espèces pour la propagation des graines). exemple : la cataire, cette plante qui attire les chats et les ennivre jusqu’à effectuer des roulades sur le massif floral ; au passage, les petits fruits s’accrochent au pelage du chat qui va les relarguer dans le jardin du voisin…
Les kairomones impliquent un avantage pour le récepteur. C’est le cas, par exemple, de l’acide lactique de notre sueur, qui attire les moustiques en promettant une peau nue et chaude, le régal de ces diptères…
Les synomones impliquent un avantage pour les deux.
Les apneumones sont émises par les tissus morts ou nécrosés. Elles sont d’une grande importance en médecine légale, puisqu’elles signent une chronologie très précise des évènements biologiques après la mort. Les apneumones ont également un rôle dans les lieux d’abattage et agissent comme signaux d’alerte, et provoquent parfois des paniques (bovins, porcins) dans les couloirs d’abattoirs, entrainant de fortes pertes économiques.
Le système olfactif. Il est très dispersé chez les insectes, les crustacés, bien plus concentré chez les vertébrés, au niveau de la tête et en prise directe avec le cerveau.
Une muqueuse respiratoire est formée de cellules ciliées qui baignent dans un mucus qui retient les molécules odorantes et (rôle des cils) les rapprochent des cellules nerveuses réceptrices.
Des nerfs olfactifs très court aboutissent à un bulbe olfactif, qui trie les informations pour les renvoyer dans le cortex pyriforme et le néocortex. Quelques centimètres seulement de fibres nerveuses, pour informer les zones de la mémoire et de l’émotion où se mêlent d’autres informations d’origine visuelle, gustative ou auditive.
Ainsi, les odeurs sollicitent une interprétation de la part du cerveau, qui débouche sur un comportement adapté.
Il en est autrement des phéromones, qui sont captées chez les vertébrés au sein d’un système récepteur particulier: Le système vomeronasal.
Egalement appelle organe de Jacobson, ce système réceptif n’est pas directement ouvert sur l’air ambiant. Il est interne dans l’épaisseur du palais, et il est composé d’un canal qui débouche dans la cavité buccale, pour aspirer le mucus buccal où les molécules de phéromones sont séquestrées.
Selon les espèces, les animaux froncent les lèvres (cheval, ruminants), font claquer la langue (canidés) ou font jouer la langue (va et vient d’une langue longue et fourchue chez les ophidiens) pour ramener le maximum de phéromones vers ce canal. Le mucus est aspiré vers un bulbe, qui est l’organe sensitif proprement dit.
Contrairement au bulbe olfactif, qui est limité par des travées de cartilage fixe, le bulbe vomero-nasal est limité par un corps spongieux (comme le pénis), qui se dilate lors de la recherche d’informations olfactives : les molécules de phéromones actives sont alors pressées contre les nerfs sensitifs.
La “flairaison” est ainsi un phénomène actif de l’animal, qui à la fois dresse le nez en l’air, écarte les lèvres (attitude dite “flehmen” ) et irrigue le bulbe voméro-nasal.
Autre différence de taille avec l’olfaction : les neurones sensitifs ne débouchent pas dans les mêmes zones de l’encéphale : au lieu de zones corticales, qui impliquent apprentissage et réflexion, ce sont les zones limbiques qui accueillent ces informations, essentiellement l’amygdale et l’hypothalamus.
Autrement dit les zones de ressenti d’émotions, de souvenirs de type “bon ou pas bon”, mais qui n’impliquent aucun processus de choix raisonné :
les phéromones dirigent des comportements stéréotypés, très spécifiques, et ce dès le plus jeune âge.
Il n’est donc pas étonnant qu’on puisse les utiliser, sous forme de molécules de synthèse, pour diriger des comportements d’animaux (gestion des périodes fécondables chez les brebis) ou corriger des agissements ou des réactions pathologiques (phobies, anxiétés), en particulier sur des animaux à qui on impose des cadres et des rythmes de vie hors nature, tels que les animaux en élevages de groupes (porcins) ou les compagnons de nos foyers (chats “entassés” dans des petits appartements, chiots laissés seuls toute la journée, etc.)
Les phéromones du chat.
Chez le chat, ont surtout été étudiées les phéromones qui interviennent dans le cadre des marquages urinaire et facial. Plus de quarante composants chimiques ont été identifiés, et plusieurs associations de ces composants, correspondent à un “message” particulier.
Si le chat est bien un animal social, on ne note pas dans cette espèce, d’entraide ou de collaboration pour se nourrir ou se défendre (hormis bien sûr des initiatives individuelles, au ravissement de leur maître…). Dans la nature, les chats s’efforcent au maximum de s’ignorer, selon une entente tacite basée sur une dominance discrète de certains individus.
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Dans un système clos (appartement), ce système est considérablement modifié : les animaux sont privés de maintes occasions d’exprimer leurs comportements naturels, en particulier manquent les possibilités de retraite ou de fuite en cas de conflit.
Mais pire ! Le propriétaire va demander à son chat des interactions immédiates (caresses, jeux), quand il rentre du travail par exemple , qui ne correspondent pas au comportement normal du minet.
Ces contraintes de temps et d’espace ont des conséquences médicales : cystites idiopathique (par spasme de l’urêtre en situations anxiogène), léchages forcenés, induction de diabète sucré.
On peut lutter contre ce stress de vie confinée déjà en apportant au chat une “troisième dimension” dans son espace de vie, en l’ocurrence des lieux de repos naturels, en hauteur (étagères, “arbres à chats” ou haut d’armoire) où le chat se sent parfaitement à l’abri, tout en surveillant son espace de vie. Il est important également de proposer une alimentation “ad libitum”, qui est plus proche du mode de vie naturel du chat qui consomme des rongeurs plusieurs fois par jour : en liberté, un chat commet 100 à 150 actions de chasse par jour, dont 10 % sont couronnées de succès : un chat n’est pas “programmé” pour recevoir 2 repas par jour.
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Néanmoins, malgré ces aménagements, le chat va souvent réagir de manière intempestive pour le propriétaire, sous forme de marquages urinaires ou de griffades sur le mobilier.
Le marquage urinaire a une fonction liée à la sexualité, une fonction territoriale, mais il apparaît le plus souvent en situation de stress : l’introduction d’un congénère, l’arrivée d’un bébé, une modification de la disposition du mobilier, sont des évènements anxiogènes qui peuvent déclencher ce marquage : le chat laisse volontairement son urine, à hauteur de son méat urinaire, dans des zones territoriales sensibles (interfaces avec l’extérieur, pieds de meubles significatifs…).
Des phéromones d’apaisement sont disponibles, qu’on peut déposer (spray) dans les zones concernées, ou diffuser dans toute une pièce au niveau d’une prise électrique.
La composition de ces phéromones est calquées sur celle des substances laissées par les chats lorsqu’ils effectuent un marquage facial en frottant leurs joues contre les pieds de meubles ou les bas de portes.
L’utilisation de ces phéromones félines entraîne une amélioration du marquage urinaire dans 50 à 80 % des cas, on retrouve des résultats équivalents pour
les griffades.
Les coussinets plantaires sont producteurs de sécrétions chimiquement similaires aux phéromones faciales. Lorsque le chat stresse, il choisit des supports verticaux, les renifle, exprime plus ou moins une attitude de flehmen, et griffe en adoptant une posture d’extension lombaire, alternativement avec chaque patte. Ce comportement n’a pas d’utilité pour “user” les griffes, mais uniquement pour laisser une odeur de communication…
Malheureusement, les griffes sont bien là, et les dégâts bien visibles.
Si ce comportement est uniquement territorial, l’apport de phéromones de synthèse n’apportera aucune amélioration.
Mais s’il s’agit d’une perturbation due à une surpopulation, ou un stress psychologique, une double réponse par l’aménagement de lieux protégés (hauts d’armoire) et l’utilisation de phéromones d’apaisement peut résoudre rapidement ces phénomènes de griffades.
Un bon plan: des phéromones économiques avec le “tee-shirt de la journée”.
Un petit jeu qui vous rapprochera grandement de Minet, qui est économique, et qui sera aussi pour vous un facteur de santé: offrez lui le soir votre tee-shirt de la journée. Sous les aisselles, se sont accumulées vos odeurs corporelles, intégrées à la sueur, et parmi lesquelles figurent vos propres phéromones auxquelles Minet est un grand sensible.
Etalez devant lui ce vêtement et vous le verrez s’en approcher avec délectation, puis s’y rouler dessus pendant deux à quatre minutes. Le temps de produire et de consommer les endorphines du plaisir, c’est le même phénomène constaté au contact des “herbes à chat” de type cataire.
Voici donc un petit jeu qui vous attachera Minet, économique (au prix où sont les phéromones de synthèse!), et d’autant plus économique que pour lui présenter un tee-shirt bien imprégné, vous vous serez abstenu(e) de vous enduire de déodorant et de parfum trop capiteux. Et sur le plan de votre santé, voilà une action intéressante (les déodorants peuvent contenir jusqu’à une dizaine de molécules mal tolérées à long terme) à mettre au compte de votre chat …
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