Comment 17 ehpad ont parfaitement contrôlé la misère ….

Tout simplement en confinant l’ensemble du personnel dans le bâtiment, pendant trois longues semaines. Personnel et résidents à la même enseigne, bloqués dans l’ehpad, une solidarité rare et un résultat formidable: 20 fois moins de cas de covid, 5 fois moins de décès… Oui, mais c’est à l’encontre du code du travail …

Au cours de l’enquête menée par le site The Conversation, tous les directeurs de ces 17 ehpad en France, ont souligné l’exceptionnel investissement du personnel de leur Ehpad. N’hésitant pas à mettre de côté leur vie familiale, ces salariés ont forcé l’admiration de l’entourage des résidents, de leurs collègues, ou encore des citoyens ayant eu connaissance de leur action. Et ces expériences ont par ailleurs renforcé la cohésion des équipes, y compris avec le personnel qui n’ayant pas participé à l’autoconfinement, a apporté son aide de l’extérieur .

Explication: la contamination des résidents confinés dans un Ehpad exempt de virus ne survient que si des personnes infectées pénètrent dans l’établissement. Pour protéger les résidents, décision fut donc prise par les autorités d’interdire les visites aux résidents des Ehpad, particulièrement à risque de développer des formes sévères de la maladie. Cependant, cette mesure est insuffisante pour bloquer à coup sûr l’entrée du virus. En effet, les allées et venues du personnel sont, elles aussi, à risque. C’est pourquoi a germé, ici et là, l’idée de l’autoconfinement du personnel avec les résidents.

La solution: durant ces temps d’autoconfinement, le personnel a dormi dans des lits d’appoint ou de camping installés dans les bureaux ou dans des locaux collectifs non utilisés (salle à manger, salle de kinésithérapie, locaux d’animation) – trois établissements ayant en outre installé des mobilhomes sur leur parking, pour le repos diurne des employés travaillant de nuit.

Les allées et venues de personnes extérieures ont été peu nombreuses. Bien sûr, les médecins ont pu rendre visite aux résidents qui avaient besoin de consultations, et les ambulanciers venir chercher ceux et celles devant aller à l’hôpital ou en revenir. De plus, quelques visites de famille ont été autorisées dans des situations de fin de vie. Enfin, le personnel des pompes funèbres a pu pénétrer dans les établissements pour la levée de corps. Dans toutes ces situations, les précautions classiques ont été appliquées.

Les résultats: une enquête nationale menée le 7 mai 2020 auprès de quelques 695 060 résidents de maisons de retraite faisait état de 62 368 cas, c’est-à-dire 22 fois plus en proportion que les cas constatés dans les Ehpad où le personnel s’est autoconfiné (9 % contre 0,4 %).

Des réactions: silence radio des médias, mais quelques grincheuseries administratives: un des établissements a ainsi reçu l’injonction administrative d’interrompre son expérience après 11 jours, un autre s’est vu interdire une seconde période d’autoconfinement du personnel par les autorités.

Merci et bravo à ces personnels qui méritent vraiment les applaudissements.

Source : The Conversation.