Enfants hyperactifs: ritaline, psy, ou bien vestes alourdies?

En France, la polémique s’applique aux traitements purement psy, actuellement en chute libre versus les tranquillisants type Ritaline. Mais il y a une troisième voie, non chimique, non psychomachin … c’est la casaque lestée qui ralentit les mouvements et calme les gamins. Mais là encore, polémique …

On va commencer par un petit paragraphe animalier (l’auteur de ce blog est vétérinaire): les chiots, eux aussi peuvent présenter des troubles d’hyperactivité. Les causes les plus courantes, séparation trop précoce de la mère, manque de contacts sociaux (ventes en animaleries) durant la prime jeunesse. Une des solutions est l’utilisation de casaques très ajustées, qui appliquent une pression douce, mais ferme, sur l’ensemble du dos et du thorax.

Peu pratiquée en France, elle est réputée efficace aux USA. Explication ? L’accupressure... ce contact permanent avec des zones cutanées réceptives (corpuscules de Meissner ?) entrainerait la production de neuromédiateurs calmants. Et le fait de “se sentir comprimé” aurait aussi un effet psychique de relâchement.

Revenons maintenant à nos enfants hyperactifs.

Ces enfants, très difficiles à recadrer, refusent les contraintes et se mettent en marge des contacts sociaux. Ils et elles ne sont pas inintelligents, bien au contraire, ils vivent dans un monde à l’écart des critères de nos modes de vie.

Ils ont historiquement été pris en main pendant des années, par la fine fleur de la psychiatrie, tendance psychanalyse. Avec un leitmotiv: c’est la faute aux parents, que du coup il faut soigner également …. des consultations à n’en plus finir, des résultats bien décevants …

Et puis est arrivée la Ritaline, une molécule chimique qui effectivement permet aux enfants de mieux se concentrer sur l’instant présent, et les ramène à une vie sociale à minima, mais avec un défaut majeur: le sevrage. Quand peut-on arrêter? Mais aussi, quels effets secondaires pendant, et après la cure ? Bizarrement, la ritaline est un excitant proche des amphétamines, mais son effet est calmant sur ces enfants.

Quelles seraient les autres pistes de traitements efficaces, mais non chimiques?

Dans des établissements spécialisés, on a tenté des traitements par le froid (douches froides, très froides, sous contrainte). Difficile d’en faire un bilan, puisque ces pratiques se sont arrêtées, dans un contexte judiciaire très tendu …

Alors, si on tentait sur les enfants ce qui est appliqué aux chiots de même comportement ? Plutôt que d’enserrer les enfants, on les a plutôt alourdis, par le biais de gilets très épais dans lesquels on a introduit un “lest”, généralement du sable. un petit coté “veste anti balles” qui ne déplait pas aux enfants.

Donc un principe très simple, qui est mis en oeuvre dans plusieurs pays, dont les USA et l’Allemagne. Outre Rhin, ce sont plus de 200 écoles qui en admettent le principe et qui en surveillent l’exécution. C’était sans compter sur la bienveillance offusquée de parents d’enfants dits “normaux”, qui y voient là un acte d’ostracisation, voire de torture …

L’association ADHS-Allemagne, qui aide les familles touchées par les troubles de l’attention, a publié un communiqué sur le sujet. Elle s’y déclare plutôt favorable, arguant que ce poids sur le corps des enfants peut effectivement les aider à «supprimer partiellement les mouvements involontaires». Et conclut : «Avons-nous besoin d’une étude scientifique pour prouver l’efficacité générale de cette méthode ? N’est-il pas suffisant que les enfants, leurs parents et les enseignants la considèrent comme utile ?»

Jean-Yves Gauchet