Religions et condition animale.

Selon qu’on leur accorde ou non une âme, les animaux éprouvent des attitudes et des préceptes très différents selon les religions. Dans cet article, un historique et un état des lieux.

Sacrifice d’un pourceau à un Dieu grec ….

Pour étudier les rapports hommes/animaux, il faut remonter aux époques préhistoriques, et même au tréfonds des mythes fondateurs de nos sociétés.

Et d’entrée, nous devons noter un principe essentiel rarement relevé :

  • dans les religions polythéistes, qui mêlent sans vergogne les dieux, demi-dieux, héros … et animaux, ce sont les Eléments (Terre, Cieux), qui ont fait naître, généralement de façon dramatique, les Dieux, puis ceux-ci ont organisé la vie sur Terre. Ainsi, la mise en place du Panthéon grec est une épopée à faire frémir. Pour faire court, c’est à partir du Chaos, une entité protéiforme empreint d’une formidable énergie (notre Big Bang ?), qu’apparaissent tout d’abord Gé, la Terre, et Ouranos le ciel, qui vont copuler pour faire naître des Etres peu recommandables, les Titans, qui eux-mêmes après moult aventures peu ragoutantes vont engendrer des Dieux plus sociables et constructifs. A tel point que ce sont ces Dieux qui à leur tour vont créer les animaux et les hommes.
  • Dans les religions monothéistes dites du Livre, c’est un Dieu unique, transcendant, qui préexistait au tout, et qui a créé l’Univers, puis la terre, puis les êtres vivants, dont l’Homme.

Pourtant, concernant les balbutiements de l’humanité, on retrouve la même trame dans des textes issus de civilisations géographiquement et historiquement très éloignées : c’est l’homme mâle qui a été créé en premier dans un  cadre paisible et partagé par toutes les espèces vivantes (Paradis, Jardin d’Eden, vallées heureuses), création artistique et quasi parfaite à base de terre glaise. Un « prototype humain » sans défauts à l’image de son créateur, qui co-habite sereinement avec les animaux qu’il croise quotidiennement. L’homme primal est donc végétarien.

Et puis pour continuer l’œuvre divine, il faut à l’homme une compagne qui perpétuera l’espèce.

Dans la mythologie du Livre, c’est la célèbre Eve, qui entame la première désobéissance à son créateur. Et c’est le début des catastrophes : chute du Jardin d’Eden, et obligation de trouver alors sa nourriture, l’homme va désormais se nourrir d’animaux. Chasseur ou charognard ? Les textes sont peu explicites, mais l’exécution d’un animal sera vite autorisée, voire légitimée lorsque l’animal sacrifié le sera en l’honneur de Dieu …

Chez les Grecs, puis chez les Romains,  scénario  assez semblable : Le Dieu des dieux Zeus délègue au Titan Prométhée le soin de créer l’Homme avec de la terre glaise (tiens, même technique !), avec en appoint le souffle fécond d’Athéna (la caution féminine !)pour lui donner vie. Les Dieux vivent sur l’Olympe, où ils vivent mille chicanes, jalousies, traîtrises … Les hommes, eux, vivent sereinement sur terre, au milieu des animaux, dans un milieu d’abondance « de fruits et de miel » …

Et puis l’erreur ! Prométhée veut fignoler ses créatures, leur apporter toujours du mieux. Malgré l’interdiction formelle de Zeus, il leur procure l’art du feu (donc la connaissance, l’équivalent de la pomme du savoir croquée par Eve). Colère divine et vengeance immédiate : Zeus ordonne à Héphaïstos (comme Vulcain, maître du feu) de créer la plus belle femme, toujours à base de glaise, et de lui donner tous les dons possibles grâce aux dieux de l’Olympe.

Elle est placée sur terre avec un coffret qu’elle a ordre de ne jamais ouvrir. Vous connaissez la suite, cette boite de Pandore contenait tous les maux de l’humanité : vieillesse, maladies, guerres, vices, famines … Et bien sûr, Pandore l’a ouverte, curiosité féminine oblige, et tous ces maux se répandirent alors sur la terre. Finie la vie tranquille et les bienfaits de la Nature, l’Homme va devoir lutter, se défendre, et au passage, il va désormais se nourrir d’animaux …

Pythagore, Porphyre et les soins aux animaux

La mythologie gréco-romaine fourmille d’aventures où les dieux apparaissent sur terre sous forme d’animaux, souvent pour y vivre des aventures qui seraient interdites sur l’Olympe.

Mais ces mêmes dieux exigent pour les bienfaits qu’ils apportent aux humains, des sacrifices qui sont à la fois le symbole de leur soumission, un passage obligé dans des lieux de cultes gérés par un clergé tout puissant, et tout de même le moyen autorisé de consommer des chairs animales.

Mais ces animaux, où se situent t’ils dans l’échelle du Vivant, et en particulier par rapport à l’Homme ?

C’est ce touche-à-tout de Pythagore qui a déclenché une polémique … qui aboutit de nos jours avec les mouvements animaliers (ou animalistes ?).

Pour Pythagore, il existe au sein de chaque être une âme, immortelle, qui se détache au moment du décès pour intégrer un nouvel être vivant. Tuer un animal avec ce dogme en tête est bien sûr perturbant, puisque c’est peut-être l’âme d’un être humain qu’on met en pénitence, voire en souffrance …

C’est ainsi que le philosophe prône la frugalité, refuse les viandes et même les poissons, se nourrit de légumes en évitant même les végétaux les plus riches, comme les fèves …

Mais Pythagore s’intéresse également à la souffrance chez les animaux qui sont exploités par l’homme, il évitera donc de porter des vêtements en cuir ou en laine, préférant le lin ou les écorces. Cette notion de violence/douleur donne lieu à un classement des substances, pures pour celles s’épanouissant librement, impures pour celles qui auront subi des violences. Vingt cinq siècles plus tard, cette notion est toujours d’actualité concernant les productions de fourrures et les méthodes d’élevage en agriculture intensive.

Bien sûr, de telles attitudes sont carrément anarchisantes dans le contexte gréco-romain, puisque les dieux eux-mêmes exigent des sacrifices, et le philosophe se verra expulsé de Samos pour aller vivre en Calabre, où il développe une communauté originale.

Son enseignement est repris par Porphyre de Tyr, un philosophe né au Liban actuel, qui fait remarquer que les animaux s’expriment, qu’ils ont un langage comme nous avons le notre, qu’ils ont donc des pensées à partager.

Les animaux possèdent donc un « discours intérieur », au même titre que les petits enfants qui blablattent et se comprennent, leur langage humain n’apparaissant que vers 3 ans. Les animaux sont donc des « cousins » pas encore évolués, sans que la notion d’Evolution soit évoquée.

Porphyre est par ailleurs violemment anti-chrétiens, pour des raisons multiples, mais où le statut des animaux est prédominant.

Variations dans les religions du “Livre”

Les trois religions « du Livre », qui ont les mêmes fondements bibliques et pour lesquelles Dieu est le créateur de tous les êtres, animaux comme humains, se différencient sur l’attribution d’une âme aux animaux.

Dans les textes hébreux, Cette âme, nefesh dans le judaïsme, nafs dans l’islam, est véhiculée par le sang, ce sang qui symbolise la vie.

Le sang a d’ailleurs toujours été considéré comme le fluide essentiel de la vie, parfois réduit à un symbole (le vin partagé lors de la messe catholique), ou considéré comme une « force vitale » par les physiologistes du XIXème siècle.

Mais pour le christianisme, l’âme est le propre de l’homme.

En créant le premier humain et lui insufflant le « souffle de vie », Dieu différencie ainsi les humains par cette âme qu’il gratifie lors de chaque naissance. Alors que les animaux, eux, se reproduisent d’eux-mêmes sans intervention divine.

On notera une différence flagrante entre les textes de l’ancien testament, qu’on retrouvera intacts dans le Talmud, et plus tard pour partie dans le Coran, et ceux du nouveau testament, qui fixe les règles du croyant chrétien.

Dans les textes anciens, depuis la Genèse jusqu’au Deutéronome, l’homme doit traiter les animaux (nous comprenons les animaux familiers et le bétail) comme ses serviteurs, et il doit les protéger.

On fera d’ailleurs facilement un parallèle entre les prescriptions de bons soins dus au bétail, et ceux qu’on doit aux esclaves. Ce sont des principes de bon sens : un esclave blessé, malade ou dénutri, ne fournira pas de bons services …

Ainsi sont indiqués  que l’homme doit décharger les fardeaux excessifs (Exode 23, 5), leur laisser une part des produits de leur travail (Deut. 25,4), leur laisser un jour de repos par semaine, même en période de moisson ou de labour (Ex 34,21).

Le Talmud hébraïque est encore plus pointilleux, et précise qu’on ne doit pas prélever d’organe à un animal vivant (donc pas de castration), qu’on interdit d’atteler ensemble des animaux d’espèces différentes (un âne et un bœuf, par exemple), de les museler pendant le travail. Il est par ailleurs prohibé de séparer les petits des mères, de prendre les œufs sous la poule qui couve … on est là avec 30 siècles d’avance sur des considérations très acuelles sur la protection animale.

Par ailleurs, la chasse est une activité prohibée, qui répand un sang impur sur la terre.

L’homme, selon les textes du Talmud, peut se nourrir de chair animale, encore faut-il suivre un rite d’abattage très minutieux, qui vide l’animal de son sang, mais aussi qui consiste à laver la viande avec de l’eau, puis la recouvrir de sel, qui va absorber le sang résiduel.

Cet abattage est réalisé par un homme de l’art, imprégné de savoir religieux, qui prend soin de ses instruments (pour éviter toute souffrance), et qui récite une prière avant chaque abattage, lequel prend alors le terme de sacrifice : chaque  parcelle de viande consommée est en quelque sorte expurgée de l’âme animale, des impuretés physiques, et est autorisée tacitement à la consommation puisque accompagnée d’une prière.

Un détail à priori accessoire, mais actuellement important sur un plan économique : les juifs ne doivent pas consommer le cordon sciatique qui traverse les cuisses : il faut alors soit soigneusement extirper ce nerf, ou bien tout simplement ne pas manger toute cette partie de l’animal. Et ne consommer que ce qui est en avant de la 14ème cote : autant dire que le « plus gros » des viandes casher sont vendues dans le circuit général, ce qui fait renchérir le coût de la viande « autorisée ».

C’est dans le Lévitique que sont désignées les espèces qu’on peut consommer (à condition de respecter le rituel), et celles considérées comme impures.

Ainsi, les herbivores ruminants sont autorisés, c’est à dire ceux qui ont des pieds cornés à deux sabots. Ce qui met à part le chameau, qui rumine mais qui n’a pas le pied fendu, et surtout le porc (qui a les pieds fendus, mais qui ne rumine pas), un animal familier qui fréquente les abords des villages avec un mode de vie charognard. L’autruche, un autre omnivore à tendance charognarde, est exclue de consommation.

Sont autorisés, mais sans besoin de sacrifice, les animaux pourvus d’écailles et de nageoires, c’est à dire poissons et oiseaux, sauf les oiseaux de proie (impurs). L’anguille, qui est un poisson, mais qui n’a pas d’écailles, est également considérée comme impure. Les crustacés n’ont également ni écaille, ni nageoire, ils sont exclus.

Ces préceptes ont traversé les siècles dans la communauté juive et sont appliqués à la lettre, au même titre que de nombreux actes qui s’insèrent entre ce qui est pur, impur, autorisé ou interdit.

Avec l’apôtre Paul, la suppression des interdits alimentaires

L’enseignement de Jésus est très discret sur les rapports hommes/animaux. Jésus est juif, même juif religieux, il applique pour lui-même et laisse appliquer les lois hébraïques.

Mais ce sont ses successeurs, avec Paul et tête, qui vont entièrement modifier la donne.

Afin d’évangéliser le maximum de personnes, que ce soit en Palestine, en Grêce, en Egypte ou dans le monde romain, il faut désormais s’écarter des rites des Hébreux, et aller dans le sens des traditions et des religions des différents peuples méditerranéens : les néo-chrétiens doivent faire oublier qu’ils sortent du moule judaïque.

C’est ainsi que les chrétiens vont rejeter tout l’édifice du Cacherout, tous les préceptes indiquant les animaux purs ou impurs, les interdits alimentaires, les modes de sacrification : les chrétiens pourront désormais chasser, élever et consommer du porc, les libations éthyliques n’étant non plus proscrites … Les méthodes d’élevages pourront utiliser la castration, on pourra plus librement utiliser les animaux de bat.

Désormais, il n’y a plus d’aliment impur. Les textes reprennent ainsi les paroles de Jésus : « Ce n’est pas ce qui entre dans sa bouche qui souille l’homme, mais c’est ce qui sort de sa bouche ».

Mais n’oublions pas qu’il s’agit d’une religion : cette liberté nouvelle octroyée aux fidèles a une contrepartie : une obéissance stricte à un nouveau clergé qui va fixer des pratiques carêmes et de jeûnes, d’une part pour rendre hommage à l’ascétisme des apôtres, aux 40 jours d’isolement de Jésus dans le désert, d’autre part pour imposer une rigueur sociale chez les fidèles, pour ne pas dire une soumission.

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Bogomiles et Cathares

Le bogomilisme est un mouvement chrétien né en Bulgarie, et qui s’est étendu profondément dans les Balkans au Xème siècle, dans la zone d’influence byzantine qui n’a pas trop cherché à l’éradiquer.

Il est inspiré d’une religion perse, le manichéisme, qui considère que l’univers est séparé en deux entités :

  • le royaume de la lumière, ou royaume de la vie divine, où s’exprime ce qui est de l’éternité.
  • Le royaume des ténêbres, ou royaume de la matière, où s’exprime ce qui est de l’instant.

Au passage, on note qu’il s’agit là d’une doctrine totalement en phase avec les notions quantiques de masse/énergie, avec le photon capricieux qui n’apparaît physiquement qu’en présence de l’observateur !

Pour les bogomiles, l’homme est double : son esprit appartient aux lumières (il est immortel), alors que son corps mortel appartient aux ténêbres.

Pour que l’esprit d’un homme, à sa mort, puisse rejoindre les lumières, il faut qu’il se soit détaché, de son vivant, de tout ce qui est matériel. Les âmes vagabondes allant d’un corps terrestre à l’autre, il faut alors respecter tout ce qui est vivant, ne jamais tuer ni un homme, ni un animal.

Les cathares ont repris l’essentiel de ces préceptes, et pour eux tous les animaux sont susceptibles d’avoir reçu une âme céleste.Il leur est donc interdit de tuer et de consommer des chairs animales. Et si un Parfait trouvait un animal pris au piège, il était de son devoir de le libérer … tout en laissant une piécette sur le piège pour dédommager le chasseur.

Il fut pratique pour l’Inquisition de déterminer qui était cathare : il leur était demander de tuer un poulet. En cas de refus, l’hérésie cathare était ainsi dévoilée …

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Dans la France rurale, il existe (encore) des pratiques religieuses à destination des animaux, des rituels au cours desquels les animaux présents sont bénis, non pas en temps qu’individus (ils n’ont pas d’âme, n’oublions pas), mais comme des « biens de la terre » qui constituent la ressource des paysans. Lors des Rogations, les prêtres en processions parcouraient la campagne pour aller de champ en prairie bénir les animaux.

Chaque région (surtout dans l’ouest) reconnaît des saints guérisseurs qui jouent le rôle de vétérinaires , les animaux de compagnie étant plus particulièrement protégés par Ste Rita.

L’Eglise actuelle semble attentive à la condition animale, en réclamant notamment l’interdiction des combats d’animaux (chiens, coqs), les tirs au pigeon vivant, et les corridas. Mais la question de l’âme animale, voire de son immortalité reste toujours en suspens.

Pourtant, dans l’esprit des hommes, l’immortalité des animaux est une attente universelle. La revue américaine Anthrozoos publie en août 2016 les résultats d’une enquête sur 800 personnes aux USA, selon laquelle 73% des sondés se disent certains de l’existence d’une vie après la mort pour leurs animaux de compagnie. Avec bizarrement  des chiffres bien différents concernant l’âme des animaux : seuls 47% sont persuadés que les animaux de leur vivant ont une âme. Y aurait il un paradis particulier pour des âmes particulières ?

Quand l’Islam suit les préceptes hébreux …

Comme nous l’avons vu plus haut, l’Islam s’est constitué en religion par des arabes sur les bases théologiques des judéo-nazaréens, ces juifs convertis qui ont refusé le cosmopolitisme de le nouvelle religion chrétienne, mais qui se ressourcent dans la foi hébraïque en attendant l’arrivée d’un Messie pour reprendre Jérusalem.

Plutôt que de sacrifier son fils, Abraham se voit autorisé à offrir un mouton à son Dieu YHWH.

On va donc retrouver les préceptes édictés dans l ‘ancien testament, préceptes accumulés au cours des épisodes de la Genèse, du Déluge, des périgrinations de différents prophètes, et en s’appuyant sur l’unité sémitique des arabes et des hébreux … du temps où ils n’avaient qu’un seul Dieu, YHWH, qui a ordonné la scission entre la lignée d’Israël et la lignée d’Ismaël.

Cette religion s’adresse essentiellement à des populations rurales itinérantes, en groupes mobiles de quelques centaines d’individus, avec une mortalité importante due aux conflits incessants dans ces régions où les ressources naturelles sont limitées.

Concernant les nourritures, la position de base est que ce qui n’est pas illicite est de fait autorisé, avec néanmoins un recours (« la nécessité lève l’interdiction ») : on peut passer outre un interdit si la santé est en jeu ; d’où par exemple la possibilité pour un malade de s’alimenter en ramadan, mais pas à un sportif en pleine compétition …

Les animaux interdits de consommation sont moins nombreux en Islam que dans le Judaïsme. Les oiseaux sont licites (sauf les charognards), de même que tous les poissons.

Il existe plusieurs écoles juridiques musulmanes pour interpréter les Textes : le cheval, par exemple, est licite pour les uns, et non pour d’autres.

Le verset V, 7 du Coran énumère les interdits de base : vous sont interdits la bête morte (de vieillesse ou par maladie) le sang, la viande de porc, et tout ce qui aura été égorgé au nom d’autre que Dieu.

On est là au cœur du débat actuel sur le sacrifice rituel (juif et musulman) face à l’abattage légal.

Sacrifice rituel

Abattage ou sacrifice … Arguties autour de la notion de souffrance.

Les reportages clandestins dans les abattoirs français ne montrent pas vraiment l’exemplarité des méthodes modernes. Les bêtes estourbies au merlin ne le sont parfois qu’à moitié, entraînant souffrances et panique chez les animaux voisins.

Inversement, les pratiques rituelles, en admettant qu’elles soient rapides et sans douleur, ce qui reste à démontrer, s’appliquent à des animaux qui ont subi mille misères durant le transport, elles sont exténuées, paniquées, déshydratées, et les préceptes religieux sont là pris totalement à contrepied (y compris lors de la fête  de l’Aïd al Kebir, où les moutons sont embarqués de force et parqués dans des lieux privés insalubres).

Navire de transport du bétail exporté par l’Australie

Rappelons ici que ces deux religions ont consigné depuis des siècles que l’abattage est un sacrifice à Dieu (avec prière au passage), et qu’on ne sacrifie pas un animal en mauvais état . De même, on ne doit pas tuer une bête devant un autre animal ( !!), on ne doit pas le tirer par les pattes ni le cogner au sol en le couchant, on ne doit pas commencer le dépeçage sur une bête sans être sûr de sa mort effective.

Bien des contradictions dans ces préceptes, en particulier à notre âge des cadences infernales dans les abattoirs industriels. En appliquant les textes, aucune viande n’en sortirait ni halal, ni cacher…

Jean-Yves Gauchet, vétérinaire.

A lire: les nouvelles dispositions concernant la condition animale.