En trois siècles, la taille des verres de vin a été multipliée par sept !

De 60 ml (l’actuel verre à sherry), on est passé à ces quasi-vasques propres à garder les arômes, mais surtout à nous pousser à boire …

Une étude anglaise de l’Université de Cambridge est formelle : en étudiant la forme et la contenance de verres à vin, dans les musées, les collections, les ventes aux enchères, et les magazines actuels, on  peut en retracer l’évolution et la quantifier.

Cette évolution a été très progressive jusque dans les années 1900 (premier doublement de contenance), puis une seconde fois dans les années 1990.

Et à chaque fois, avec une nouvelle manière de consommer. D’abord, c’est l’arrivée massive de vins mieux « travaillés » et qui passent de 10° à 12°, pour une population de nouveaux amateurs qui ne se contentent pas des petits verres à liqueur. On note alors une propension à l’alcoolisme dans des classes sociales nouvelles.

tableau anglais du XVIIIème . Oui, c’est du vin … dans un verre à sherry !

Puis c’est le phénomène récent, très médiatisé des « nez fins », œnologues amateurs qui se veulent éclairés… il leur faut des verres à dégustation dignes de leurs papilles, mais aussi des nectars qu’ils respirent avant de les ingérer.

Dans cette étude, il peut y avoir un biais : les verres « petits » sont plus résistants (moins de casse), et peut-être sont ils les seuls à avoir résisté aux beuveries d’au autre temps…

Autres biais, une taxe (anglaise) sur les grands verres qui s’est arrêtée enveres. 1845. Ou encore les progrès des verriers qui ont progressivement maitrisé la fabrication des grands verres.

Mais nous l’avons vu, c’est très récemment, sur des tendances sociologiques, que les verres ont « grandi ».

Une étude très sérieuse, à partir de verres collectés dans les musées,
les verriers, les distributeurs …..

Avec l’influence des restaurateurs, chez qui les grands formats, effectivement très élégants, donnnent à leurs établissements un coté « oenologiste » qui valorise à la fois le client et la bouteille servie.

Le bénéfice est double : on vend des vins plus chers, et le client boit 10 à 15 % de plus que dans un verre « normal.

C’est d’ailleurs bien connu que la taille des assiettes entraine la taille des portions. Diminuer la taille de son assiette, c’est limiter de 10 à 20% les calories ingérées…

Cette étude parue dans le respectable BMJ (British Medical Journal) suggère dans sa conclusion que limiter drastiquement la taille des verres contribuerait à contrôler l’ébriété des convives …

Jean-Yves Gauchet