Le protoxyde d’azote: un gaz hilarant qui ne fait plus rire…

Cette substance si facile à se procurer permet des « voyages » fugaces et récréatifs dans les soirées où l’on cherche à s’amuser… Des rave-parties, entre initiés elle est désormais passée aux réunions ordinaires et touchent le plus grand nombre. C’est le « proto », ou protoxyde d’azote, ou encore gaz hilarant.

Capsules de gaz et ballonnets… les reliquats d’une soirée rigolade.

Si dans un bosquet de jardin public, ou sur une plage vous trouvez de ces petites cartouches brillantes accompagnées de ballons en caoutchouc, c’est signé : il s’est passé récemment une partie de rigolade à base d’inhalation de « proto »

Le protoxyde d’azote est avant tout un pré-anesthésique utilisé au bloc chirurgical pour détendre les malades et induire l’anesthésie. Il est alors inhalé au masque en mélange à 50/50 avec de l’oxygène, ce qui permet une action équilibrée de tranquilisation et d’oxygénation. Son emploi permet de diminuer les doses des anesthésiques majeurs, qui eux sont onéreux et toxiques.

Utilisé depuis un siècle dans les cliniques, il n’obtient son AMM qu’en 1998. En 2009, cette AMM est étendue à des soins à domicile pour soulager des douleurs.

C’est un « vieux produit » de la pharmacopée, qui d’ailleurs, historiquement, a été utilisé au XIXème siècle (illustration) comme récréatif avant même son usage médical. En particulier dans les foires où des volontaires montaient sur scène et participaient à une hilarité communicative … Mais ce protoxyde est également disponible sous forme de petites cartouches de gaz qui s’échappe dans des siphons métalliques afin de se mélanger à un mélange lacté et préparer ainsi de la crème chantilly. Le « kit rigolade » siphon+ cartouche est directement disponible en ligne pour moins de 50 euros (avec 10 cartouches).

Le détournement a commencé au sein du personnel médical, mais s’est largement étendu.

Le processus : à l’aide de la manette du siphon, on remplit de gaz un ballon de baudruche (environ 2 litres). Puis on approche son nez du goulot de ce ballon et l’on respire par profondes inhalations le gaz libéré.

L’hilarité est quasi immédiate, mais ne dure que quelques minutes. On en explique les effets par la production d’endorphines.

Les effets plus variés sont une euphorie proche de l’ivresse, des distorsions auditives et visuelles, un état onirique … ces effets se recoupent avec ceux du cannabis.

Mais aussi des effets désagréables : nausées, céphalées, engourdissement des extrémités.

Des accidents sont désormais régulièrement constatés par les services d’urgence :

  • l’inhalation directe en sortie de capsule (il faut déjà être atteint pour s’y prêter…) entraine la projection du gaz à très faible température, et donc des engelures de la face.
  • L’inhalation en continu de « proto » entraîne un déficit d’oxygénation avec perte de conscience, et jusqu’à un coma fatal.
  • Si le « proto » est reconnu comme non addictif, son usage répété entraîne une carence en vitamine B12, des neuropathies (pertes de mémoire, troubles de l ‘équilibre et de la sensibilité cutanée), en particulier dans le cas de consommation connexe d’alcool, de cannabis ou d’alcaloïdes récréatifs.

 

Autres usages … non récréatifs : Le protoxyde (N20, soit 33% d’oxygène) libère plus d’oxygène que l’air atmosphérique (78% d’azote pour 21% d’oxygène). C’est donc un excellent comburant, qu’on utilise dans les compétitions automobiles. Il existe des kits NOS (Nitrous Oxyde System) qu’on peut adapter à sa voiture, mais son usage est interdit sur la voie publique.

Le N20 est également utilisé sous forme de bombes aérosol pour souffler et nettoyer les circuits informatiques (sous cette présentation, il est également détourné à titre récréatif …

Le protoxyde est également un des gros contributeurs de l’effet de serre (300 fois plus nocif que ce pauvre CO2 mal aimé), et un destructeur reconnu de la couche d’ozone. Amis écolos festifs, choisissez votre camp !

 

Angélina Viva

Petite leçon de chimie récréative dans un “cabinet de curiosité (Angleterre, XIXème siècle)