L’hyperesthésie du chat: un affolement des neurones.

Cette affection très spécifique au chat permet de comprendre certaines pathologies nerveuses chez l’homme, des emballements des signaux nerveux tant dans le cerveau que des les trajets des neurones périphériques.

L’hyperesthésie à minima: les frissons du dos

L’hyperesthésie est une sensibilité exacerbée de la perception au niveau d’un sens (la vue, l’audition, le toucher…). Le ressenti devient exagéré jusqu’à en devenir désagréables, et même facteurs de violences…

Chez le chat, cette affection se retrouve au niveau du toucher, en particulier sur la ligne du dos en région postérieure: l’animal se laisse caresser avec un certain plaisir, puis en quelques secondes, ce contact pourtant très doux (ce sera même les cas si l’on souffle sur cette zone du dos) entraîne une réaction d’intolérance qui confine à la douleur: le chat se retourne violemment et cherche à griffer la main pourtant bienveillante.

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Et il ne s’agit là que du symptôme le plus bénin, et heureusement le plus fréquent. Cette hyperesthésie s’exprime de manière plus violente dans d’autres parties du corps:

1- le rolling skin syndrôme, ou spasmes de la peau du dos (tel que représenté sur la vidéo ci-dessus. c’est le cas le plus bénin.

2- un léchage excessif ou frénétique qui va jusqu’à des mordillements, on peut parler d’auto-mutilations, ce qui entraine des zones dépilées avec des excoriations et des suintements.

3- des battements de queue et des courses après un individu imaginaire (quand le chat ne court pas après sa propre queue) …

4 – une dilatation des pupilles.

5- une incontinence soudaine (qui rejoint celle des crises d’épilepsie).

6- et jusqu’à des épisodes agressifs contre les congénères et les maîtres, le refus de tout contact bienveillant.

Voici la vidéo d’un chat lors d’une crise non provoquée.

Les causes n’ont pas été établies comme pour une affection univoque. On est obligé d’évoquer (et donc d’investiguer) des raisons dermatologiques (présence de puces et allergies diverses), neurologiques (atteintes cérébrales proches de l’épilepsie, ou des nerfs sensitifs de la peau, voire comportementales (anxiété, dépression, troubles compulsifs…). Vaste sujet !

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Il faut tout d’abord effectuer un bilan sanguin et des examens complets incluant un examen neurologique. Plusieurs maladies peuvent présenter des symptômes semblables: allergies, problèmes de la glande thyroïde, parasites, tumeur ou lésions au cerveau, lésions dans la colonne vertébrale, etc.

Améliorer les conditions de vie et l’environnement du chat:

Les chats qui souffrent de ce syndrôme sont très sensibles au stress et parfois, un changement dans leur vie peut être bénéfique et même mettre carrément fin à un épisode d’hyperesthésie.

Par exemple un déménagement peut être positif si le chat souffre d’un stress important dans son environnement. La venue ou le départ d’un compagnon peut aussi avoir une influence importante.

On recommande une nourriture de bonne qualité, ne contenant pas d’ingrédients chimiques (colorants, agents de conservation, etc.), facile à digérer ou hypo-allergique dans certains cas.

Il est également important de prévoir des jeux et des jouets stimulants, instaurer une routine stable dans la vie du chat. Par exemple, le nourrir à des heures fixes, le faire « chasser » sa nourriture (sous forme de jeux), etc.

Les médicaments contre la douleur:

Entre autres, le Gabapentin et le meloxicam (Metacam). Très récemment, on a commencé à utiliser le Gabapentin, pour apaiser les douleurs neurologiques. Elle ne présente aucun effet secondaire. Il faut l’administrer durant quelques semaines avant de voir l’efficacité réelle du traitement.

Le CBD canabiniol 

Produit récemment autorisé, à la fois calmant et anti-épileptique, peut être utilisé en première intention (30% de réussite…).

Les corticostéroïdes:

Ces médicaments peuvent aussi être efficaces sur certains chats pour traiter l’hyperesthésie et il faut parfois en essayer différent types et des doses différentes pour en trouver un qui sera efficace.

Les médicaments anticonvulsivants:

On rapporte aussi que certains chats réagissent très bien aux médicaments que l’on administre pour traiter l’épilepsie. On utilise notamment le phenobarbital et il faut compter quelques semaines également avant d’en vérifier l’efficacité.

Tenir un calendrier des épisodes d’hyperesthésie:

Comme les causes sont tellement difficiles à définir, il est essentiel de tenir un calendrier journalier sur lequel on inscrit l’état général du chat, le nombre de « crises », l’alimentation, le climat et le moindre événement susceptible d’influer sur la vie du chat. Ce calendrier pourra vous fournir des informations importantes concernant les épisodes de crises et vous permettra peut-être d’y associer des événements, des aliments ou tout autre indice qui pourrait faire coïncider les crises et vous aider à déterminer le traitement approprié avec votre vétérinaire.

Jean-Yves Gauchet

Source (les 16 commentaires sont très démonstratifs ) : Hyperesthésieféline