Epidémie: quelques nouvelles du front.

Plus on avance dans la connaissance de la maladie, plus on s’aperçoit des graves erreurs commises dans son appréciation et surtout dans les soins médicaux prescrits

On ne va pas ici évoquer la tragi-comédie des masques utiles, pas utiles, obligatoires, préconisés … ni les tergiversations sur le confinement en zones rouges, vertes … On va se limiter au médical.

Lorsque les premières alertes chinoises (janvier) ont été perçues, c’était en France un problème sino-chinois. Ce n’est que quand ça a fusé en Italie que tout le monde s’est réveillé … d’un sommeil bien lourd.

Les “bonnes pratiques” en cas de virose, reposent alors sur deux principes:”surtout pas d’anti-inflammatoires” et “les antibiotiques, c’est pas automatique”. En filigrane, la conviction que contre le virus, on ne peut rien, il suffit de gérer la fièvre (doliprane and co) et d’attendre la fin du cycle de multiplication du virus.

Et puis ce n’était pas ça: au delà de la virose, il y avait ces énormes complications “pulmonaires”, donc une mauvaise réaction immunitaire anti virus. Donc on gère une pneumonie. Mais avec toujours dans l’esprit “c’est un virus”. Donc pas d’antibios, pas d’anti-inflammatoires.

Et puis on est débordés, les urgences s’accumulent, les individus déjà faibles meurent en série… Alors ça devient la panique. On est en guerre ! De ce fait, tout le monde doit être au garde à vous, y compris les médecins.

Car quelques originaux, dont le célèbre Raoult, ont leur idée sur la question: pourquoi les gens déjà traités par la chloroquine (lupus, arthroses) sont nettement moins malades? Pourquoi les gens qui sont traités par des antibiotiques pour d’autres affections (rénales, urinaires…) échappent à ce désastre médical ? Ces originaux font connaître leur “savoir faire”, et la polémique s’installe, non pas par manque de résultats (sur le terrain, on constate immédiatement que les malades en cours s’améliorent en moins de 3 jours, et j’en parle d’autant mieux que c’est ce qui m’est arrivé), mais pour un obscur “manque d’éthique” puisque ces médicaments “ne sont pas faits pour ça et que ça se pourrait bien qu’ils soient dangereux”.

Et donc l’establishment médical bloque la vente en médecine de ville de ces remèdes, ils seront réservés aux hôpitaux … qui eux mêmes, “par éthique”, attendent les résultats d’études sur les “vrais médicaments” promis par une dizaine de labos, l’occasion de refourguer des molécules sous employées et particulièrement lucratives.

Au passage, et pour faire bien dans le tableau, ces “protocoles d’études” intègrent bien la chloroquine, mais uniquement sur des malades quasi-mourants, c’est à dire à l’inverse de ce que préconisent les suiveurs de Raoult.

Puis on s’aperçoit que cet emballement immunitaire qu’on croyait purement limité au pulmonaire (d’où respirateurs et intubations à tout va), est surtout une maladie sanguine, au niveau des globules rouges. Et que ça rappelle quelque part le paludisme, qu’on traite depuis 70 ans par la nivaquine et par ses successeurs …

Et que cette maladie sanguine, qui entraine des thromboses disséminées, c’est un problème de coagulation: alors retour aux anti-inflammatoires et aux anticoagulants, y compris la gentille aspirine des familles.

Nos amis italiens n’ont pas suivi notre lamentable bagarre médicale, et après avoir été débordés, semblent avoir trouvé le bon accompagnement des malades, et ceci en plusieurs étapes: d’abord la virose, immédiatement soignée aux antibios pour éviter la pneumonie bactérienne (quelle bactérie ? Elle était déjà sur place, ou provenait du microbiote intestinal ? Peu importe, et ça fera un beau sujet d’études pour des résultats dans trois ans …). Puis l’inflammation dès son début , donc avec anti-inflammatoires malgré la fatwa médicale des débuts. Puis les troubles de la coagulation, avec les traitements adaptés. Selon ce protocole, on échappe aux besoins d’assistance respiratoire, sauf bien sûr pour des victimes de poly-pathologies ou de vieillesse avancée.

On a fait le tour ? Sûrement non, les connaissances vont très vite car le monde entier est sur l’ouvrage. Chinois en tête d’ailleurs, qui nous annoncent aujourd’hui que les chinois (donc peut-être nous aussi !!!) qui ont été testés positifs au virus, ont désormais une immunité solide, même si le taux d’anticorps est limité, car d’autres cellules immunitaires sont en jeu, qu’on ne prend pas en compte dans les sérologies.

A bientôt pour un autre point ….

Jean-Yves Gauchet